LES JOURS SANS PAPA

NOTRE HISTOIRE

POURQUOI PAPA S’EN VA

Voilà déjà presque 3 semaines que mon mari, le papa de mes petites cerises est reparti. Pour ceux qui ne le savaient pas déjà, chéri travaille dans l’humanitaire. Il se déplace beaucoup, souvent et longtemps.

Quand il part, il arrive que ce soit dans des pays en grande instabilité politique. Des pays en guerre, des zones où les bombes explosent, les tirs ne sont pas rares, la sécurité est un problème majeur. Alors je suis fière de lui parce qu’il aide les plus démunis. Parce qu’après toutes ces années, il s’émeut encore de la condition des personnes les plus défavorisées sans avoir jamais corrompu son âme. Parce qu’il identifie dans le regard de chaque enfant nos filles et que ça lui donne la force de travailler plus dur, d’être reconnaissant de ce que nous avons.

Mon amoureux, c’est lui qui me rappelle parfois quand les journées sont un peu pénibles, quand tout ne roule pas comme on le voudrait avec les filles ou pour le reste, que nous avons de la chance de partager cette chose rare. La joie de s’aimer en sécurité. Sous un toit, au chaud, gâtés de gourmandises, ayant le choix de nos opinions.

QUAND PAPA N’EST PAS LA, ÇA SE PASSE COMME ÇA

C’est très banal tout ce que je raconte mais enfin ça me permet à moi, de relativiser quand je me lève le matin un peu mélancolique, et que je me couche le soir, seule, jamais vraiment rassurée par ce que sera demain. Entre les 2, il y a les journées, généralement bien remplies car la vie continue et qu’il y a tout à faire, juste comme d’habitude…mais sans aide. De manière générale, le vide est évident lorsque ce papa s’en va. Car quand il est là, il donne tout, oui, il est investi comme personne, c’est un papa super magique.

C’est bien ça le souci ! Je ne me plains pas. Des mamans toutes seules, pour un tas d’autres raisons, il y en plein et partout. Et bien justement, je leur dis bravo. Parce qu’elles cumulent les casquettes et pas trop mal.

NOTRE QUOTIDIEN SANS LUI

Pour ma part, j’essaie quand ma moitié est à l’autre bout du monde d’être aussi dynamique que possible, de faire un tas de choses avec les filles pour que le manque ne se fasse pas trop sentir, pour faire de ma vie et de celle de mes ptits crabes, un temps agréable, plein de curiosité et de découvertes.

Mais pour être franche, ça n’est pas toujours aisé. Quand ce papa n’est pas là, tout est plus long, plus fatigant et tout demande 2 fois plus d’effort.

Alors on se bouge seules ou avec les copines et on va moins loin. Les sorties sont moins extravagantes, le rythme des activités moins intense. En soit, on se satisfait d’un quotidien moins exotique. Vous me direz, les enfants n’ont pas besoin de tant mais plutôt de temps. Tout ça, est très vrai, on ne peut plus clair et intégré. Ça ne m’empêche pas d’adorer le voyage, d’en rêver beaucoup, d’en faire profiter kit et kat, rien qu’un peu pour leur donner goût aux passions de maman, pour qu’on partage des moments vrais, riches, ensemble.

NOS DERNIÈRES VACANCES ENTRE FILLES

Aux dernières vacances d’hiver, je n’ai pas réussi à tenir cette promesse que je m’étais faite à moi-même d’emmener mes bébés à la neige. Il a fait froid. Les contretemps se sont succédés et l’opportunité est passé. Quel dommage. Je nous voyais déjà glisser toutes les 3 sur nos luges et finir par nous réchauffer un chocolat chaud en main. J’avais plaisir à annoncer à ma grande qu’on irait au ski comme les copains, comme dans les livres et pour la première fois. Je sais qu’elle se serait plainte une fois encombrée par tout son matos sur le dos mais, je l’imaginais tant rigoler à tire-fesses ou lui montrer le sommet de la montagne du haut des pistes. J’avais envie de ma petite toupie serrant fort la jambe de sa maman, apeurée par les chiens de traîneau mais étrangement captivée en même temps.

Tant pis pour les combi, on les ressortira une autre fois. Au lieu de ça, on a fait un tas de trucs moins loin, dans le coin, avec les copains et c’était trop bien. On s’est amusées et les filles n’ont pas si mal vécu le départ de papa. Enfin je crois…

PAPA ABSENT, POUR LES ENFANTS, ÇA SIGNIFIE QUOI ?

Ce papa nous manque beaucoup. Mais toutes les 3, on ne l’exprime pas de la même façon. Moi, je demande une grande présence téléphonique à chéri. On s’appelle plusieurs fois par jour, on se voit, il est là avec nous pendant les repas, le jeu, le coucher, les moments importants.

Pour les filles tout ça, est plus abstrait. Papa ours leur manque, il manque aussi à maman. Maman, parlons-en ! Elle peut être moins souriante, moins disponible, plus fatiguée ou plus irritable. A tout ça, mesdemoiselles peuvent réagir oui mais faut souvent décoder. L’expression de leur tristesse ou de leur frustration est surprenante.

J’ai constaté 2 types de réactions en réponse au départ du « daddy ». J’imagine qu’il en existe bien d’autres mais chez nous, cela se traduit plutôt comme ça : Crises de colère envers « poor mummy » pendant les quelques jours qui succèdent le décollage. Les filles boudent et refusent de parler à leur père pendant cette même durée. Les choses finissent par se tasser, rentrer dans l’ordre, et les enfants reprennent leur comportement habituel. Toutefois je note de manière évidente que nos poupettes sont plus heureuses quand « monsieur super » est ici. Parce qu’il apporte beaucoup et aussi parce que maman est plus détendue.

Alors le temps et l’habitude m’ont permis de créer ma petite liste consciente ou pas d’astuces pour vivre ces envols de manière plus positive. Ces trucs, je les déclenche naturellement quand nounours s’en va. Et quand c’est trop dur, je me force à le faire, parce qu’il faut rester forte, pour mon propre bonheur, et pour les filles aussi. Voulez-vous les connaître ?

MES ASTUCES POUR FAIRE FACE A CES LONGUES ABSENCES

  1. Je crois que le plus important, que ma plus grande réussite pendant ces années de manque est de parler beaucoup, et souvent. S’il n’est pas forcément bon de constamment rappeler à son enfant l’absence de son parent, il est à mon goût pire d’avoir un enfant qui oublie son parent, qui n’a pas tissé de lien particulier avec cette personne importante à la construction de soi. Alors, nous le voyons ce parent et lui parlons plusieurs fois par jour. Papa fait partie du quotidien de son enfant même si ça lui demande une organisation particulière dans son contexte professionnel aux horaires compliqués. Papa s’adapte et il le fait bien ! Il peut ainsi participer aux moments importants de la vie de ces petites et à ceux insignifiants aussi. On ne crée pas de rupture. Ainsi quand papa revient, c’est presque comme s’il n’était jamais parti. L’enfant ne l’a pas oublié. Papa n’a rien raté de l’éveil et de l’évolution de son petit.
  2. J’aime bien quand papa montre aux filles son nouvel environnement. Il dit ce qu’il fait et en vidéo, il présente l’endroit où il dort, ce qu’il mange, les gens qu’il voit, son bureau… pour que tout ça paraisse moins abstrait aux enfants et qu’ils posent des questions s’ils en ont.
  3. Je raconte à mes filles combien je suis fière de ce que fait leur papa au quotidien pour les personnes qui souffrent beaucoup. Afin qu’elles soient fières elles aussi et que tout ce négatif soit remplacé par du positif.
  4. Les filles et moi, on parle quand tout ça parait long. Si je les sens pensives, tristes ou en colère, on discute, dans le calme. Au coucher par exemple, je les rassure et je les aide à s’endormir paisiblement en expliquant que papa me manque et que je comprends que papa leur manque aussi. Je note souvent qu’elles s’ouvrent à moi lors de ces discussions apaisées. Si, elles ne le font pas, je leur rappelle qu’elles peuvent raconter leurs chagrins et leurs secrets à doudou, à mamie, aux amis.
  5. Pour compenser, je prends plus le temps. Un parent absent c’est beaucoup, 2 c’est trop ! Alors je détourne leur attention et j’occupe leurs pensées en ayant un calendrier d’activités bien pensé. On crée, on joue, on sort, on rend visite aux personnes qu’on aime, on a du coup un tas d’histoires positives à raconter à papa par la suite.Petite fille dans la neige
  6. Quand papa est en voyage, je donne 2 fois plus d’amour, 2 fois plus de câlins, 2 fois plus de tout. Et ça, même quand c’est compliqué et qu’il y a 2 fois plus de bagarre, de colère, ou de fatigue de part et d’autre. J’essaie en bref de créer des instants privilégiés, très spéciaux entre nous 3 mais aussi, avec chacune d’entre elles, en duo avec leur maman. Je n’oublie pas de laisser papa faire la même chose avec elles et avec moi quand il est là 🙂
  7. Si papa n’est pas disponible mais que mes filles tiennent à lui parler, nous faisons une vidéo que nous envoyons par whatsapp, un message vocal, un dessin.
  8. J’aime bien garder sous le coude un souvenir de ce papa. Cela peut-être sa chanson préférée prête à être écoutée ou dansée. Dans mon téléphone, il y a les photos et vidéos de lui, des messages où il s’adresse à nos filles. Dans la chambre des enfants, leur album photo qu’elles peuvent consulter quand bon leur semble.
  9. J’organise toujours un quelque chose d’heureux au retour de papa. Une sortie un peu spéciale en général. Un weekend en famille.
  10. Quand c’est trop dur, trop long, trop stressant, que je sens qu’on en a vraiment besoin, je me débrouille toujours pour allonger les retours de papa avec des jours de congés supplémentaires, des vacances ou carrément en organisant avec lui une mission moins dangereuse la fois suivante.
COMBIEN CA COUTE ? BILAN

Pour finir, je dirais qu’on ne peut jamais complètement compenser l’absence de cet être aimé. Il n’existe pas de recette, et oui, nous nous posons de nombreuses questions sur les répercussions qu’auront ces manques répétés sur nos enfants. Alors, nous faisons de notre mieux pour que nos princesses reçoivent un maximum d’amour dans un contexte le plus transparent possible. Nous racontons, nous expliquons et répondons à leurs demandes. En espérant ne pas créer trop de blessures. A côté de ça, nous tentons d’offrir quand nous sommes réunis des souvenirs agréables, des moments privilégiés en famille. Ça passe par tout un tas de jolies choses à faire, pourvu que ce soit ensemble.

Pour la suite, nous tentons de faire évoluer cette situation professionnelle. Nous souhaitons réellement que le foyer soit rassemblé, au plus tôt. Nous l’espérons vraiment avant que cette période particulière n’aient fait trop de dégâts sur nos enfants. Bref, nous attendons le meilleur en mettant toutes les chances de notre côté.

Le bilan se fera hélas quand les enfants seront grands alors d’ici là… Advienne que pourra !

Ps: En pleine écriture de ce texte, la neige s’est mise à tomber, le temps d’une matinée. Tout a très vite fondu mais 2 sur 3 d’entre nous ont pu s’amuser, beaucoup s’amuser. Rien qu’un instant on est presque parties au ski…c’était bien, doux et heureux.

 

 

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