JOURNAL DE CONFINEMENT, BILAN MENSUEL
CONFINÉS CHEZ NOUS AU PRINTEMPS, YA PIRE!
SEMAINE 4
Le printemps est à notre porte.
Voilà un mois déjà que notre famille est confinée à domicile comme le reste de l’humanité ou presque. Les plus, les moins, que vivons-nous, que ressentons-nous ? C’est l’heure du bilan…
UNE VIE INTROVERTIE, AUTOCENTRÉE, UNE RARE SORTIE
8 Avril 2020. Nous entamons notre 4ème semaine, confinés à la maison. Nous écrivons la date tous les matins avec les enfants mais je perds tout de même la notion du temps.
Nous sommes assignés à domicile et nous l’appliquons à la lettre. Nous avons pour habitude d’avoir des placards plutôt bien remplis. Alors au tout début de cette crise sanitaire, nous n’avons pas eu besoin de laisser exploser nos paniers de courses. Par politesse aussi.
Suite à cela, après 3 semaines de confinement, nous sommes sortis une fois, pour nous rendre à la pharmacie. Mon papa avait besoin de médicaments. Nous en avons profité pour faire un saut à la ferme qui proposaient des œufs, des fruits et légumes, du fromage. Notre boulangerie nous a dépannés en farine. 25kg, rien que ça…C’est que qu’ils avaient. Cela leur faisait plaisir de le proposer, cela nous a plu d’accepter. Nous ne manquons pas de pain aujourd’hui.
Bref, nous nous sommes ravitaillés et j’avoue avoir été particulièrement surprise dans ma campagne d’y trouver autant de vie…
A l’heure de la sieste, les routes bruyantes voyaient circuler une quantité improbable de voitures. Les passants n’étaient pas inexistants. Des familles se promenaient. Dans les magasins, les individus semblaient nombreux, physiquement rapprochés les uns des autres.
Je suis rentrée inquiète.
Je me demandais. Transférais-je faussement mes propres craintes sur une réalité que j’avais créée ?
Je me questionnais. Et si mon regard visait finalement juste ? Peut-être ne m’étais-je pas trompée. Dans ce cas, sortirions-nous de cette prison dorée rapidement ? Retrouverions-nous nos vies si certaines personnes ne jouaient pas le jeu ?
J’ai reçu une liste des producteurs du coin qui font de la livraison à domicile. Je ferai comme ça la prochaine fois.
UN MONDE QUI A DÉJÀ CHANGÉ
Il y a un mois, il faisait froid dehors. Je rentrais des Alpes, où la neige était immaculée. Je pensais que ce virus, ce «Corona » comme on en entend le diminutif ne touchait que l’Asie. La ville de Wuhan entrée en confinement bien avant nous se faisait de plus en plus discrète pour laisser la vague grandir de plus en plus près. Les voisins, puis nous. C’était il y a un peu plus de 30 jours. C’était l’hiver et nous sommes désormais au printemps. La Chine n’est plus un mirage. L’Italie non plus. Ces 2 puissances impuissantes, battantes sont concrètes. Nous pouvons les toucher, les comprendre.
Il fait beau, presque chaud. La nature reprend ses droits. Les bourgeons sont d’abord apparus puis les arbres ont fleuri. Le chômage “partiel” gagne notre pays. Les entreprises sont touchées. Même les plus riches, même les plus solides. Les petits commerçants tentent de survivre. Un aéroport est fermé, les écoles, les musées, les sites touristiques, les parcs, certains marchés, la plupart des commerces aussi. Les transports en commun sont déserts. On peut parler au passé des embouteillages, des heures de pointe. Incroyable ! Plusieurs personnalités sont aux soins intensifs. D’autres décédées. Les lits, les masques, les tests de dépistages, un vrai traitement manquent toujours. Nombreux ont perdu la vie. Beaucoup commencent à guérir aussi. Une partie du monde bosse 2 fois plus qu’avant pour que cette société perdure. Ces héros des temps modernes font tout leur possible pour que la France, la planète gardent un semblant de normalité, continuent de fonctionner. On leur dit 1000 fois merci. D’autres travaillent largement moins. Moins productifs, moins pressés. Dépassés par l’école des enfants à la maison ou juste remerciés. Un tas d’employés se demandent s’ils garderont leurs emplois, s’ils percevront un salaire. S’ils paieront leurs factures. Annuleront leurs vacances d’été, leur mariage, perdront leurs maisons. Certains pensent déménager à la campagne. Moi. Je veux plus que jamais m’éloigner. Construire un cocon auto suffisant. Peut-être que cela me passera. Je n’espère pas.
Les rues devraient être vides mais j’entends encore tant de voitures circuler. Ma peau change peu à peu de couleur. J’essaie d’éloigner la pâleur de l’hiver comme pour conjurer le sort. J’évite mes gros pulls. Je tombe les collants. Je prends un peu de poids. Je parviens à maintenant le rythme des enfants mais je m’oublie. Je m’habille. Je me fais belle la plupart du temps. Parfois aussi, je reste en pyjama quand le quotidien me rattrape dans ce pourtant « slowliving ». Je mange équilibré, et bon. Je me couche tôt, je me lève tôt aussi. Je respecte le rythme scolaire. L’école à la maison me prend presque toute mon énergie. A l’heure du temps calme, je bosse sur mes trucs à moi, le soir aussi. Mais je ne suis plus aussi fraîche. Mes filles sont ma priorité. Chéri est en télétravail et gère le sport organisé, militaire, heureux, musical. Les toupies adorent. Je fais du yoga mais pas assez. Je ne suis pas mes cours de zumba en ligne car je n’ai pas la place de le faire. Il y a des marches et des meubles partout dans cette maison. Je ne vais pas faire ça dehors…je ne suis pas prête à m’exposer au regard de ma famille. C’est tellement bête. Au lieu de ça, je joue, je dors, je lis. A la place, je ris, je crie, j’écris. Aussi, je marche pied nu sur le gazon pour dire oui, je vis.
CE QUE VIVENT MES FILLES
Les filles sourient, éclatent de rire, discutent, se chamaillent, boudent, pleurent parfois. Elles tombent de vélo, égratignent leur genou, viennent quémander de la tendresse pour que la blessure s’envole presque aussi vite qu’avec un pansement aux vertus exceptionnelles. Et je joue le jeu. Souvent. La plupart du temps. Rien n’a changé. Je les reconnais bien.
Puis Romy appelle sa meilleure amie et la vitesse des mots extériorisés avec envergure, la longueur de leur conversation qui n’a pourtant pas suffi me prouvent que mes filles ne disent pas tout.
J’ai surpris Liv en train de chanter discrètement, de manière solitaire, dans sa chambre. Elle agitait son drapeau avec les mots suivants…Allez les microbes, allez les bleus, allez. Battez-vous et gagnez contre les microbes, allez. J’ai envie d’aller au parc, allez les bleus, allez. Il faut combattre les microbes, de la France, allez. Car je suis enfermée, faut les enlever allez. Il faut les enlever, les combattre pour qu’ils parteuuuuu… on est d’accord qu’elle parle de notre virus, hein?
Au début de cette crise, j’ai expliqué, parlé calmement, avec des mots simples. On a regardé ensemble une micro vidéo faite pour les enfants. Surtout pour que mes filles comprennent les raisons pour lesquelles nous ne pouvions plus aller à l’école, voir nos amis, sortir tout court. Pourquoi il a fallu prendre des précautions extrêmes avec Papy qui est diabétique.
On n’en reparle pas tous les jours. Ça serait trop anxiogène j’imagine. On fait simplement un point de temps en temps, surtout si elles ont des questions.
A côté de ça, je ne soupçonnais pas qu’elles ressentaient ces choses dont je viens de vous parler. Derrière ces sourires, j’imaginais de l’insouciance. Particulièrement grâce à l’immense amour partagé en famille…décuplé depuis le retour de leur papa.
Liv est un wild animal. Elle a besoin d’espace, de liberté, de grandeur, de nature. Romy vit pour la société. Le contact c’est son truc.
En bref, la vie extérieure leur manque un peu.
Pas à vous ?
Comment allez-vous ?
DES RÉSOLUTIONS ?
Il peut s’en passer des choses en un mois. Il peut s’en dire des trucs en 30 jours.
Certaines choses demeurent…certaines autres s’envolent.
Je sais que je ne voudrai pas tout transformer car j’ai toujours vécu avec cette attention particulière de l’équilibre.
L’équilibre entre ma vie sociale et professionnelle. Le juste milieu entre la ville et la campagne. La bonne dose de nourriture goûteuse mais saine puis celle qui l’est un peu moins.
Mais tout de même. A l’heure du bilan. Cette heure que j’ai fixé pour prendre du recul et non parce qu’on est sortis d’affaire, je me pose tout de même des questions.
Maintenant que nous pouvons changer les choses pour le meilleur, maintenant que nous sommes conscients que nous vivons tous sur la même planète, vivrons-nous demain plus raisonnablement alors que dame nature nous l’impose aujourd’hui ?
Après cette ultime menace, qui je crois aura effrayé bien des âmes, aura affecté, frappé bien des foyers…demain, que voudriez-vous changer ? Que voudriez-vous préserver ? Avez-vous été bousculés aussi violemment que moi par ces dernières semaines ? Le serez-vous pour l’éternité ? Prendrez-vous alerte au sérieux ? Ferez-vous des ajustements à votre existence et vous y tiendrez-vous ? Vivrez-vous comme si les lendemains n’existeront plus ? Croirez-vous ce que certains illuminés se sont évertués maintes fois à nous faire entendre ? Accepterez-vous ce fait, Terre est fragile, plus que jamais mais aussi tellement plus forte que nous ? La respecterez-vous ? Protégerez-vous, vous intéresserez-vous davantage vos familles, vos voisins, vos collègues ou de parfaits inconnus ? vivrez-vous de manière plus solidaire ? Serez-vous moins pressés, plus attentifs, plus curieux ?
Ce sont des questions un peu rhétoriques. Celles que je me pose à moi-même.
J’aimerais changer des choses oui. Pas tout. Il y a du bon aussi. Et il y a peut-être ce que mes mauvaises habitudes auront des difficultés à transformer.
J’essaie encore d’établir une liste mentale de ce que je ferai mieux. J’vous dirai peut-être quand j’aurai terminé:) Mais le chemin est là. Droit, vaste, vide, comme cette route 88. Et je n’ai qu’à l’emprunter. Je dois le faire de la bonne manière.
MES PUBLICATIONS INSTAGRAM
PUBLICATION 1
Le cerisier est en fleurs.
La vie continue donc.
Quelques abeilles meurent.
Mais les oiseaux sont là, vivants.
Et toi, tu as perdu 2 dents et je t’aime avec ce nouveau sourire qui te donne l’air encore plus innocente.
Aujourd’hui quand Romy m’a dit qu’elle m’aimait, je lui ai demandé pourquoi. Je peux parfois, tous les jours 🙂 faire le policier mais tous les jours, elle efface tout.
A ma question elle répond. Maman, je trouve que ta robe de chambre est douce. Tu es jolie et tu fais plein de bisous.
Je connais désormais le secret de l’amour…a fluffy, hairy robe remains the key to eternal love:) Et des bisous.
PUBLICATION 2
-Liv : “Regarde maman, j’arrive à manger mes spaghettis en louchant.” Moi : “Oui et ta sœur arrive à mettre de la banane sur son oreille, du kiwi sur ses cheveux, des fraises sur son front. Vous êtes trop fortiches toutes les 2. Ya pas à dire !” -Mes 2 filles, d’accord sur le sujet, vibrotant en elles même : Manger dehors, c’est beaucoup mieux. Je me demande quel est l’imbécile qui a inventé la fourchette, le ne parle pas la bouche pleine, le ne fais pas de bruit en mâchant, le bien se tenir à table, la table et la chaise tout court ! Je suis sûre qu’il a fait ça juste pour m’embêter. Et ce “maire de la France, Manuel Macron, président de la REBUPLIK” qui nous dit de rester à la maison. Pfffff -Sinon, le slow living, le vivre plus simplement, je veux dire, pour l’après catastrophe sanitaire planétaire, ça marche aussi à table ? On peut dire que le sans mobilier, ça va aider la planète et le reste de l’humanité ? Et puis, pourra-t-on alléger l’éducation et laisser nos petits gorets continuer à l’être sans craindre qu’ils soient traités comme des parias à l’âge adulte ?
PUBLICATION 3
Des tulipes
Des centaines de milliers de fleurs seront jetées aux ordures.
Les horticulteurs souffrent eux aussi de cette crise sanitaire que nous traversons actuellement.
Alors si vous êtes contraints de sortir pour vous ravitailler en nourriture, n’hésitez pas à faire un geste chez votre primeur qui vend peut-être aussi de jolies fleurs.
En plus d’aider les petites entreprises locales, votre intérieur, les enfants, et le reste de la famille ressentiront comme une bouffée d’extérieur…même confinés.
Bon dimanche à tous
PUBLICATION 4
Pérouges
Quand tout ça sera terminé, je retournerai manger une galette au sucre et flâner dans Pérouges que j’aime tant. Pas autant que l’amoureux. Alors on ira tous les 2…non, tous les 4, et on parlera moyen âge dans cet endroit hors du temps.
PUBLICATION 5
Une maison en pierres de Savoie, bien isolée
Je suis dans mon jardin, le soleil frappe mes paupières puis mes joues. Biensur, mes yeux se ferment, et ma tête s’envole tout à coup vers le passé, vers une adresse comme secrète, vers ma famille, marchant lentement par une fin d’après-midi de printemps, vers les fleurs, vers l’eau, vers un presque rien qui semblait alors presque tout. Mon coeur garde en mémoire ce que je ressentais alors, que ce presque rien était en fait tout.
PUBLICATION 6
L’annonce de mon dernier article de blog. Aussi sur le sujet de la pandémie. A relire plus bas.
Une planète grandement affectée pour cause de pandémie, un anniversaire à fêter confinés, voilà le sujet de mon dernier article sur le blog. Un peu trop évident me direz-vous…mais en cette période très trouble, j’en avais gros sur le cœur. Alors à force de noircir les pages de mon journal, ou d’Instagram, j’ai décidé de regrouper quelques idées dans un long message d’amour, dans un élan d’espoir au beau milieu d’une période sombre et incertaine.
N’hésitez pas à partager encore et encore car s’il est vrai que l’ensemble des médias ne parlent plus que de ce fléau qui nous menace, de nombreuses personnes n’ont pas encore mesuré le poids de leur responsabilité, le poids de l’influence de chacun d’entre nous pour faire peser la balance en faveur de la survie, puis de la vie. De nombreuses personnes dans le monde continuent de sortir et cela doit s’arrêter car nous dépendons tous les uns des autres. S’il faut rabâcher, répéter, ressasser, radoter…faisons le pour la bonne cause, soyons tous, chacun à notre petit niveau, des héros 🙂
Précédent article à relire ici!
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