place du papa
RECETTE, FAIS UN EFFORT MAMAN, SI-TEU-PLAIT.
MES 4 FAÇONS BIEN À MOI D’IMPLIQUER PAPA:
1 – JE NE SUIS PAS TOUTE SEULE, J’AGIS COMME TEL.
Grosse décision, on parle, on est d’accord, on s’y met, allez, on veut avoir un bébé. Moi, quand j’ai voulu concevoir un enfant, je n’ai pas fait ça toute seule et toc !
Si j’ai jadis été la parfaite caricature de la femme qui a souhaité donner la vie, je l’assume amplement.
Dans la courte dizaine d’années qui a précédé la décision conjointe de mon amoureux et moi-même de pondre notre premier petit oiseau, je dirais donc, dans ma jeune vingtaine, je n’avais pas de réel désir d’enfant. Pour autant, je ne me suis jamais imaginer grandir ou vieillir sans famille bien à moi.
Je suis voyez-vous une femme assez cartésienne. Alors quand, au décollage de ma trentaine, l’idée a trottiné dans ma ptite caboche de couver un œuf bien à moi, j’ai maîtrisé ma peur, et j’ai foncé en toute logique. Rien de farfelu voyez-vous, j’ai excellemment brillé par ma banalité ! Je me suis raisonnablement, formellement moulée au bon vouloir de notre chère société. Je me suis naturellement baignée dans cette bonne vieille liste des raisons qui nous poussent à avoir un bébé et je l’ai adoptée comme si elle somnolait en moi depuis toujours et attendait tel un volcan endormi la moindre stimulation pour éveiller son naturel un peu engourdi.
Au-delà donc du devoir de la perpétuation du cycle de la vie, de l’idée que je me faisais de la joie de fonder un foyer, ou de la volonté de ne pas finir seule, je réunissais tout bêtement les conditions optimales de procréation. J’étais parfaitement rassurée quant’ à ma stabilité affective, financière ou matérielle. J’arrivais à maturité et ne souhaitais grand Dieu pas jouer avec la susceptibilité de mon horloge interne. Fœtus serait le parfait prolongement de mon rôle de femme réglée pré-ménopause. Cela réjouissait mes parents par ailleurs, alors pourquoi s’en passer ! Et puis, je m’imaginais bien enceinte, jolie comme un cœur, enfin, ça c’était franchement antérieur au choc traumatique de mon reflet dans le miroir pendant et post grossesse.
Toutefois ai-je évoqué la principale raison pour laquelle, nous, ensemble, mon partenaire de vie et moi-même avons décidé de former un noyau inséparable et inaltérable ? L’amour, toujours l’amour, à jamais l’amour. Nous voulions un peu de nous 2 quelque part, comme gravé dans la pierre. Nous espérions prouver à la vie que nous étions amoureux, que nos sentiments débordaient tant, qu’il fallait les capitaliser dans une chose indéfectible.
Alors vous parait-il logique que je n’ai pas été seule pendant mes 9 mois de grossesse. Cela vous parait-il juste que je ne sois pas seulement une maman à la naissance de mon enfant mais bien un parent sur 2, une moitié complétée de son autre moitié ?
2 – JE ME DÉBROUILLE POUR QU’ON FASSE LES CHOSES ENSEMBLE.
Si dans nos sociétés occidentales, les mœurs changent, lentement mais tout de même, il aura fallu de longs et nombreux siècles avant que le père arrache sa place légitime non pas de géniteur ni de patriarche familial mais bien d’être paternel. Certains hommes admettent ou réclament cette position volontiers. D’autres de peur de perdre en virilité ou parfois influencés par leur modèle familial, social et culturel ne réalisent pas encore la chance qui leur est offerte et la refuse tout catégoriquement.
J’ai donc pour ma part, vite cédé sa place au créateur de nos 2 embryons afin qu’il puisse, autant que cela est possible de l’extérieur, s’impliquer pleinement dans la grossesse. Pour commencer, Mister Mari a eu la charmante attention de prendre, tous les mois, le même nombre de kilos de moi. Pas sûre que c’était, à l’époque, une grande idée mais j’apprécie tout de même le geste. Monsieur venait ensuite aux rendez-vous chez l’obstétricien. Il avait toujours une petite blague bien décalée pour le docteur qui se marrait peut-être de l’intérieur…ou pas. Je lui racontais les cours de préparation à la naissance auxquels il ne pouvait pas assister. Je ne suis pas certaine qu’il comprenait bien tout ou qu’il m’écoutait tout le temps mais enfin, il paraissait attentif, et c’était déjà pas mal. A la maternité, il a ensuite participé à l’accouchement en étant drôle avec moi, bizarre et comique avec l’équipe médicale aussi. Il a fait vivre en direct mes petites histoires à la famille et aux copains grâce à whats app. Il a coupé le cordon ombilical aussi. Tout ça, c’était l’amont. Restait donc le plus gros du travail, l’aval ! L’impliquer dans la vie de notre enfant une fois né n’arrivait pas en bout de liste de mon plan machiavélique mais en constituait bien une de ses priorités.
Il était naturel pour moi que cet instinct de protection envers notre oisillon se partage à 2 contre monde, vent et marée. Je n’avais pas à protéger mon petit de son propre père, je n’avais en conséquence nul droit de l’exclure.
Le plus tôt possible, j’ai donc encouragé et non forcé Mister Oiseau à interagir avec son moineau afin qu’un lien spécial se tisse entre eux. Chez certains pères, cela est naturel. Pour d’autres hommes, ça n’est pas simple d’aimer spontanément un être qu’on n’a pas senti bouger en soi, qu’on n’a pas porté. Mon amoureux, lui, n’avait pas à la naissance de notre fille ces hormones qui nous prédisposent à notre rôle de maman. Il lui était donc moins aisé de ressentir de l’affection pour une inconnue, comme ça, du jour au lendemain. Oui, notre fille était une parfaite inconnue à ses yeux. Alors, il a été doux quand elle est apparue dans son monde, tendre, délicat aussi. Mais tout de même voilà! Quand elle s’est manifestée à la vie, un immense ravin s’est construit au seuil de son existence à lui. Mon cher mari s’est senti seul, très seul face au vide, face à la responsabilité de cette nouvelle famille pourtant désirée, face à la fragilité de ce petit être. Notre fille le déconcertait, l’ébranlait, déséquilibrait la force solide de ce qu’il avait construit jusqu’alors. Sa faculté à ne plus rien maîtriser du jour au lendemain le tétanisait, le figeait, l’immobilisait. Inconsciemment il édifiait son mutisme intérieur, presque invisible au grand jour mais bel et bien existant. En un mot, il avait peur. Si personnellement, je doutais de moi-même ou culpabilisais énormément de tout et de rien, monsieur, lui, était fatigué, claqué, lessivé mais surtout, oui il avait PEUR. Pour balayer tout ça, Il lui manquait l’avantage de l’expérience, la connaissance de l’avenir, la certitude qu’il saurait tout faire.
Il a donc fallu un peu de temps pour faire s’ébouler petit à petit ce mur qu’il bâtissait entre sa fille et lui. Le lien s’est fait au fur et à mesure que les jours passaient. J’ai essayé autant que possible de comprendre cela, de l’accepter et d’œuvrer pour que l’amour, le vrai amour, pas celui poli, courtois, empathique qu’il montrait jusqu’alors vienne et avec hâte. Je crois avoir fait de mon mieux, et si cela lui coutait parfois, j’ai eu un conjoint ouvert à mes initiatives, et la magie a opéré.
De la grossesse à l’accouchement, puis après la naissance, j’invitais chéri d’amour, mon meilleur ami à faire les choses avec moi. On faisait tout ensemble. On apprenait tous les 2. On se montrait les gestes qui manquaient de précision puis qui s’affinaient au gré du temps. On jouait, on chantait, on grimaçait en famille.
3 – PLUS DISCRÈTE, JE ME DÉTENDS ET JE FAIS CONFIANCE.
J’ai fini par m’éclipser de temps en temps pour laisser papa faire les choses seul. Afin qu’il s’exerce en privé sans la crainte d’être jugé, loin de sa chérie qui aurait pu s’irriter. A la maternité, Il a été le premier à prendre le bain de sa fille. Il lui a changée les couches puis l’a habillée pendant que je rangeais, de mon côté. Papa a porté, bercé quand j’étais fatiguée la nuit. Papa a baladé et joué quand je préparais le repas. Nous alternions, nous remplacions. Je prétextais avoir autre chose à faire et il feignait de ne rien remarquer à mon manège bienveillant en jouant parfaitement son rôle, en étant un papa effrayé mais un mari attentionné.
Même si nous étions souvent tous les 3, j’ai en effet rapidement laissé ces 2 êtres seuls ensemble. Pour qu’ils écrivent leur propre histoire, rien qu’à eux avec son lot de petits secrets, afin qu’une complicité naisse. J’ai essayé de ne pas m’offusquer quand mon époux faisait les choses à sa manière et donc parfois tout l’opposé de ce que j’estimais être juste. On avait une ligne de conduite commune. On était d’accord sur l’important alors s’il avait sa manière à lui de faire avec notre fille, ça n’était pas négatif, bien au contraire. Cela permettait au père de prendre confiance en lui et à notre fille de découvrir son papa puis d’autres idées, d’autres façons. J’étais dans les moments de jeu, une maman dans le contrôle et la stimulation, je parlais beaucoup. Lui, la laissait découvrir, évoluer et assumer ses propres erreurs. Il lui permettait de gagner en confiance, de développer son imaginaire. Quand je montrais certaines choses à ma fille, lui, lui expliquait la méthode, lui montrait des alternatives. Voyez ? Cela n’était pas négatif, c’était même incroyablement positif, papa a tiré notre enfant vers le haut.
Bon ben, il est arrivé que bébé porte 2 pantalons l’un sur l’autre, un body au dessus du pull-over , qu’il soit parfaitement nu le long d’un weekend où j’étais absente. J’ai parfois du remettre à l’endroit des chemisiers boutonnés dans le dos. J’ai aussi bien rigolé quand mes 2 filles ont eu leurs pyjamas respectifs intervertis. Ouiiiiiiii, bon, c’était beaucoup moins rigolo quand mon petit de 18 mois à goûté au frappuccino de papa. C’est vrai, soyons francs, papounet a été gauche quelques fois et il a fallu expliquer sans m’énerver, ou en simulant de ne pas me crisper. Mais le reste du temps on était en phase et quand je peinais à y arriver, il savait quoi faire lui! Il m’appuyait et je me sentais forte.
Alors pour résumer un peu tout ça, c’est juste, ça a demandé quelques efforts mais c’est quand même vachement bien d’avoir 2 grandes mains d’amour pour me soulager. C’est quand même hyper chouette de partager quelque chose, une tâche, une responsabilité importante avec mon conjoint, histoire qu’il ne me regarde pas comme si je venais tout droit de la planète Mars lors de nos conversations du soir. C’est un pur ‘win win situation’ comme dirait certains. Mon complice a su s’attendrir avec moi, se fâcher ou glousser aussi devant les diverses sottises de nos sacripants. C’est quand même trop cool et hypra rassurant de savoir que papa assure si je ne suis pas là. Mon ptit cœur tout sensible s’en sort drôlement plus léger.
Je conclurais en vous avouant mon secret. La confiance que nous nous sommes portés. Les mots d’encouragement et d’amour que nous partagions aussi quand tantôt nous nous découragions l’un ou l’autre devant la difficulté d’être parent, devant certains échecs, devant la peine à accomplir notre rôle.
Si ce papa-là a commencé un peu maladroit, on apprend tous les jours. Cela demande des efforts. Cela demande du temps, de la patience, de la compréhension et de l’amour. Mais cela en vaut la chandelle. On ne sera jamais des parents parfaits, mais mon mari à moi a été comme beaucoup d’autres, un papa exemplaire, un papa aimant, dévoué, extraordinaire. Il me fait l’aimer encore plus tous les jours. Il me donne le sentiment de ne jamais être seule dans mes peurs et mes doutes. Il a géré comme un chef et assure encore tout le temps. Ça valait franchement le coup de lui laisser sa place à lui.
4 – JE N’OUBLIE PAS QUE MON ENFANT NE M’APPARTIENT PAS.
Tout au long de cette expérience, j’essaie de ne pas oublier que ces enfants que j’ai désirés, que je choie, ne m’appartiendront jamais. Ils naissent et avec mon aide, ils deviendront des êtres indépendants, uniques, avec leurs propres idées. Est-ce donc juste qu’ils puissent construire des affinités avec d’autres êtres humains ? Est-ce bon de les habituer tôt à l’autonomie ? Est-ce avantageux de rapidement les sociabiliser ? Ça me va à moi de les imaginer prendre leur envol un jour. Ça me va tout autant d’introduire pas à pas la confiance en soi à chacun de mes enfants. Pas à pas, c’est sympa, ça commence avec 2 parents et chez nous ça correspond à une maman ET UN PAPA.
Il est évident que chaque famille est différente, que chaque papa l’est aussi et que si cette méthode a marché pour moi, cela ne veut pas dire qu’elle fonctionnera pour tout le monde. Cela a grandement été possible pour nous car mon époux et moi-même regardions dans la même direction. Nous avions les mêmes objectifs, il y avait donc entente tacite entre les 2 partis et cela aide amplement. Malgré tout et autant que cela est possible, nous devons nous souvenir que papa au-delà du repère éducationnel, demeure un pilier affectif essentiel dans la vie de son enfant. Tous les êtres ont besoin de connaître leurs origines pour réussir à se sentir en sécurité. Tous les petits ont besoin de certitudes sur leur filiation pour se construire logiquement, sans trop de blessures, sainement quoi ! Ben, ça, ça vaut même si les parents sont absents ou très imparfaits.
Qu’est ce que vous en dîtes, vous, de tout ça? Vous voulez bien me racontez, vous, les bêtises de vos amoureux? Celles du mien font bien rigoler nos petites citrouilles. Et notre grande dit que papa est coquin. Elle les aime bien ses blagues mêmes quand elles ne sont pas volontaires!