CHOIx OU PAs CHOIx?
Pourquoi allaiter son enfant est-il un sujet polémique dans certains environnements ? Qui est concerné par cette méthode d’alimentation, comment ou encore pourquoi ? Si le lait maternel est un sujet qui fait débat dans nos sociétés modernes, nous pouvons nous demander qui est réellement concerné dans le monde et si le choix d’allaiter ou non son enfant est aujourd’hui partout possible.
Quand j’étais enceinte, pour la toute première fois, lorsqu’en tout premier lieu, la question de l’allaitement s’est offerte à moi, je n’ai d’abord pas tellement réfléchi. Alimenter mon bébé comme les autres mammifères me parut alors être le geste le plus naturel, parce que c’est celui qu’avait pratiqué les gens que je côtoyais et leurs ancêtres avant ça. Je me suis par conséquent instinctivement dirigée vers cette option qui s’offrait à moi sans véritable fondement logique.
Les cours de préparation à l’accouchement ont un peu plus tard, au second trimestre de ma grossesse, confirmé mon sentiment ; « ma » sage-femme ventait les bienfaits physiologiques et psychologiques pour la mère et pour l’enfant de la mise au sein jusqu’aux 6 mois de bébé, comme repas exclusif. Elle m’a alors tout bonnement convaincue.
Les questions sont arrivées ensuite, quand j’ai réalisé que cette évidence n’allait pas de soi pour toutes les mamans ni pour tous les papas d’ailleurs.
J’ai dès lors réalisé qu’en France et que dans d’autres pays aussi, certains parents avaient des idées bien tranchées sur le sujet. A ma grande surprise, l’enfant n’était pas toujours au centre des préoccupations et mes oreilles attentives ont entendu bien des raisons de ne pas allaiter son enfant ou de le faire au contraire. Certaines femmes avaient peur d’abimer leur corps. D’autres se soumettaient au désir de leurs partenaires qui étaient favorables ou non au lait maternel pour des raisons diverses et variées. Des féministes au contraire voyaient en cet acte un retour en arrière et préféraient un partage parfaitement équitable des tâches dans le couple. Des papas, souhaitaient faire partie intégrante de la vie de leur enfant, repas compris. Quelques mères se voyaient gênées à l’idée qu’un petit être puisse dévorer une part sexualisée de leur anatomie. Les raisons se succédaient et n’en finissaient pas. On me mettait occasionnellement en avant des raisons professionnelles, le travail trop prenant ou non adapté au rythme des repas de bébé contraignait les dames à arrêter l’allaitement avec regret ou soulagement. Une incapacité physiologique, des raisons médicales empêchaient à leur tour cette méthode d’alimentation du nourrisson.
Quoi qu’il en soit et quelles qu’en soient les justifications, les réactions de mon entourage issu d’un environnement plutôt favorisé, étaient souvent pensées, passionnelles, parfois même violentes.
Pour ma part, après comme à mon habitude, des tas et des tonnes, des heures et des jours, des maxi moult recherches, mon intuition avait vu juste.
J’avais pris ma décision, et mon amoureux me soutenait dans ma démarche. Et s’il ne saisissait pas toutes les subtilités de cette bizarrerie ambiante n’ayant lui-même jamais été mis au sein, il me faisait confiance et écoutait d’une oreille attentive les résultats de mes études poussées. Bref, super déterminée, je souhaitais résolument donner mon lait à bébé pour lui donner toutes ses chances de bien grandir avec un minimum d’embûches.
Transmettre mes anticorps au nouveau-né encore fragile constituait un argument suffisamment important de le faire. Contribuer à la stimulation intellectuelle de mon enfant ou à la maturation de son système digestif avaient fini de me convaincre. C’était une histoire très ordinaire de bon sens.
Et même si ma petite personne égoïste a parfois eu envie de s’enfuir à des milliers de kilomètres de ce carcan, j’ai su garder le cap et continuer cette démarche réfléchie jusqu’au bout.
Et puis d’autres motifs un rien plus secondaires se sont ajoutés à ma minuscule liste pro-mamelles.
L’idée de varier les goûts pour le palais juvénile de ma fille me parut ludique et si je fais de vrais efforts au quotidien depuis toujours pour manger équilibré en général, je me suis clairement appliquée à nuancer les plaisirs autant que possible pendant ma grossesse et l’allaitement car l’idée d’un Einstein du palais dans ma famille au début de la diversification alimentaire m’amusait beaucoup au-delà du simple fait d’apporter toutes les vitamines nécessaires à ma descendance.Passons à l’argument le plus ringard de tout mon inventaire qui s’allonge doucement. Vous souvenez-vous de votre toute première fois ? De cette première mise au sein de la ptite crotte qui était sortie de votre ventre ? Eh bien moi, OUI ! Avouons, c’est vachement banal, mais et je ne pourrais JAMAIIIIIIIS l’oublier. Immédiatement après la naissance de ma fille, En salle des naissances d’ailleurs :), je l’ai amenée à ma poitrine. A son simple contact, comme par magie, alors qu’elle avait les yeux fermés, ma ptite chose d’amour s’est instantanément mise à chercher des lèvres hystériquement, comme un petit animal assoiffé, puis à dévorer ensuite. Je reconnais encore les bruits qu’elle faisait en tétant, oui, elle émettait des sons, beaucoup trop de vacarme et ça en était embarrassant. Des bruits de succion cacophoniques indescriptibles de petite fille malpolie qui déglutissait comme si elle n’avait rien avalé depuis des jours. Et puis, mon mari et moi, nous sommes mis à rire, prodigieusement rire, parce que c’était quand même bigrement rigolo.
Eh bien voilà, c’est là où je voulais en venir. Cela a signé le début de notre relation très spéciale à ma ptite cochonette et moi. Je l’appelais dorénavant comme ça parce qu’elle ne cessait de faire tous genres de chahuts super étranges. Et quand bien même si tout ça est très commun, oui l’allaitement m’a permis à moi aussi, de créer un lien très très particulier avec mon enfant. Un lien affectif chaleureux, magique, d’elle vers moi et de moi vers elle. Et j’avoue que ça a eu un grand impact sur mon mental de mère qui cherchait ses marques dans un contexte familial où tout un chacun vivait une relation passionnelle avec ma fille. Grâce à ça, j’en étais sûre, c’était bien MOI sa maman.
On dit qu’il est important d’être convaincu du choix qu’on fait. On dit qu’il faut faire attention à ce qu’on ressent pour ne pas affecter son lait comme si c’était tout juste possible spécialement quand on a les hormones en ébullition post grossesse. OMG, On dirait de la magie noire ou du vaudou quand on l’écrit comme ça, maiiiis ça a son lot de vérité de dire que la psychologie, le bienêtre physique, jouent un grand rôle dans la qualité de son lait et même dans la relation mère enfant à ce qu’il parait. Oui ça devient trop mystique tout ça je sais…waouh.
Quoi qu’il en soit, l’idée aujourd’hui n’était pas de prôner les mérites de l’allaitement ou de communiquer mes faveurs pour un type de nourriture en particulier lait maternisé ou mise au sein. Mon discours à moi est bien de mettre en lumière la chance que j’avais eu d’avoir le choix de l’alimentation pour mon enfant.
Je tenais tout bêtement à exprimer qu’en effet, je fais partie de ces gens hypra privilégiés d’être bien nés au départ, et que je fais aujourd’hui aussi partie de cette catégorie d’humains qui est heureux d’être heureux tout court. Je ressens de la gratitude envers la vie et une légère inquiétude aussi qu’un jour, peut-être, les gens qui comptent pour moi puissent ne pas avoir cette chance.
Oui c’est essentiel d’avoir le choix et en y pensant bien, je crois que nous n’avons pas tous cette option.
Il n’y a donc d’après moi pas de bonne ou de mauvaise réponse à la question de l’allaitement comme à toutes les autres questions de la parentalité.
Nous faisons tous de notre mieux la plupart du temps pour le bien-être de nos petits et si cela signifie transmettre son lait maternel ou pas alors soit ! Chacun fait comme il veut ou comme il peut. Agissons simplement comme il nous rend fier ou heureux, pratiquons ce qui nous parait logique ou cohérent ou simplement ce qui est possible car un parent bien dans ses baskets fera la plupart du temps « a good job » ; quant’ à un enfant serein, c’est bien ce qui compte.
Dans un tout autre registre, je vous invite par ailleurs à lire mon article sur l’emmaillotage qui selon moi, fait aussi partie des choix possibles pour les parents. Belle lecture à tous!
3 Comments
Bonjour,
C’est un sujet très intéressant, j’ai aimé cet article.
Je suis enceinte maintenant pour la premiere fois et je suis tellement excitée d’allaiter ma petite fille après l’accouchement.
Bonjour Abir,
Je suis heureuse que l’article te plaise. Félicitations pour cette petite fille à venir et mes voeux de bonheur. J’espère que tu n’hésiteras pas à me partager à ton tour, ton expérience personnelle quand ce sera possible. A très vite et merci pour ce joli mot!