avoir 6 ans pendant COVID-19
PANDÉMIE, UN ANNIVERSAIRE CONFINÉ POUR CAUSE DE CORONAVIRUS
Pour ces 6 ans, ma fille, l’innocence, n’a pas eu ses amis autour d’elle. Ma douce préparait ses invitations depuis des semaines. Elle revivait les ateliers de sa journée depuis des mois. Elle anticipait la tenue qu’elle porterait depuis des jours.
Au lieu de cela, cette semaine, pour célébrer ses 6 bougies, nous voici confinés chez nous, comme le reste de la planète, inquiets, oui très inquiets, car nous vivons une période délicate. La race humaine est menacée, et le moindre faux pas pourrait nous coûter cher.
L’idée dans tout ça ? Tenter malgré des précautions sanitaires essentielles, de garder la face. Continuer à faire sourire nos enfants avec les moyens que nous possédons. Cela, avec très peu d’anticipation émotionnelle ou matérielle. Et je dois dire qu’à la maison, cela ne fonctionne pas trop mal. Mais aussi chez les autres, dirait-on…
Aujourd’hui, après plus d’une semaine d’isolation pour cause de Coronavirus, je fais le point.
LES « À COTÉ » DE LA PANDÉMIE
DES EFFORTS PLANÉTAIRES ÉVIDENTS À SALUER
Je vois tous les jours depuis plus notre entrée en confinement plus de rires. Je découvre un immense fond de créativité et de solidarité dans notre vie ensemble, de la proximité affective. Je vois chez nous mais aussi sur les réseaux sociaux des parents qui se démènent pour rendre heureux leurs familles, qui s’inquiètent pour leur éducation. Je vois des individus qui mangent ensemble, se couchent ensemble, communiquent, cherchent à encourager les efforts des uns, trouvent des solutions aux problèmes des autres. Je vois des élans de générosité que je n’aurais jamais cru possible moi qui d’habitude suis plutôt sceptique face à la haine, au comportement déviant humain.
A ce jour, je vois des individus qui courent un peu moins, écoutent davantage, consomment peu, font attention à leur hygiène.
Je vois des personnes précautionneuses de tout. Du civisme souvent. Je redécouvre des humains qui se soucient des autres, chez eux mais ailleurs aussi.
On s’inquiète pour le personnel médical, on écrit à nos enseignants. On pense aux personnes âgées. On donne notre sang malgré la peur. Des masques sont offerts malgré la pénurie. On s’entraide même à distance.
Je vois des entreprises au service des autres. Des idées naissantes. Des services gratuits dans tous les domaines. Un gouvernement qui explique davantage. Des pays solidaires pour la plupart.
SOMMES-NOUS TOUS ÉGAUX ?
Les inégalités sont « moins perceptibles » dans un certain sens car face à cette maladie, nous sommes tous égaux, ou presque. Nous n’avons peut-être pas les mêmes chances. Certains sont confinés à peu dans de grands jardins, quand d’autres essaient de trouver leur espace dans de petits appartements. Mais nous pouvons éventuellement, un jour, tous perdre quelqu’un qui compte. Nous pouvons tous être affectés d’une manière ou d’une autre. Notre santé, notre famille, notre emploi, notre entreprise.
UN MONDE QUI S’AJUSTE
Je vois au fond ce qui devrait être la vie…Quelque chose de plus juste. Comme si on remettait le curseur à zéro quand tout a été trop loin. Quand l’homme s’est emballé. Quand il a bousillé notre maison la terre. Quand il a trop consommé, trop acheté, trop voyagé, trop sali sans réfléchir.
Nous observons peu à peu, assez rapidement tout compte fait, une nature qui reprend ses droits quand l’homme se retire légèrement. Des poissons se rapprochent des côtes. C’est extraordinaire.
DES HÉROS NON OUBLIÉS
Alors oui, nous ne sommes certes pas tous égaux, et je pense aujourd’hui à ces personnes contraintes d’aller travailler sans protection quand d’autres sont au chaud, à la maison. Je pense à ces infirmières, ces docteurs contraints de décupler leurs efforts, fatigués, prêts à venir au secours d’autrui même dans les pires conditions. Je pense aussi aux familles aujourd’hui séparées par des frontières. Je pense à ceux qui n’ont pas de logement. Et ceux loin de chez eux forcés à s’adapter dans l’urgence. Des peuples, des pays qui n’ont pas accès à nos soins et à notre système social incroyable…quels privilèges nous avons. Je pense à tous les êtres humains qui n’ont pas accès à l’eau, au savon. Je pense aux familles qui ne pourront pas assister aux funérailles des êtres aimés. Je n’oublie pas ces femmes qui mettront au monde l’avenir sans tenir la main de l’être cher.
Quant’à ceux qui n’ont rien compris à ce que nous vivons, ceux qui retardent, aggravent cette crise sanitaire d’échelle humaine…que dire…
Penser à soi-même, cela passe aussi par se positionner après les autres car seuls, nous ne survivrons pas.
QUEL ANNIVERSAIRE
Pour son anniversaire, ma fille s’est faite jolie. Elle a mis une robe qui tourne. Elle s’est maquillée pour faire festif.
A son anniversaire, ma fille a joué dans son jardin aux billes puis a fait du vélo. Dans nos arbres, on a vu le printemps. Dehors mais chez nous, on a un peu profité de la vie, car nous faisons partie des quelques chanceux, qui vivent à la campagne et qui peuvent mettre le nez en extérieur sans sortir des frontières. Nous le mesurons et nous aurions tant voulu offrir ce privilège à tous.
A l’intérieur, ma fille a ensuite perdu une partie de billard, gagné aux dames, lu des livres.
Madame a commandé du jus pressé et des crêpes pour le petit déjeuner, mangé des frites à midi, et pique-niqué en toute intimité sur le gazon pour le goûter. Du gâteau au chocolat et de la chantilly maison, je vous en parle ? Les consommables saints du quotidien, ça ne l’a pas intéressée, ça va sans dire.
Surtout surtout ? On a gagné notre pari. Romy, on l’a vue rire, on l’a vue sourire et on était tous les 4. Ça, ça n’a pas de prix…Car oui, comme beaucoup d’autres, on a bien failli ne pas récupérer ce papa en mission au Burkina Fasso, dont le vol a été annulé juste avant la fermeture des frontières. Ce papa a réussi à nous revenir. Je sais que ça comptait beaucoup trop, énormément même, dans le cœur de cette jeune fille de tout juste 6 ans, mais aussi dans le mien. Mon cœur à moi, de maman, est soulagé de nous savoir unis, plus fort ensemble. Mon âme d’épouse est folle de joie de le savoir ici plutôt que là-bas pour combattre ce fléau.
MES DERNIÈRES PUBLICATIONS INSTAgram
Publication 1 :
Ce soir, je me sens un peu en colère et je dois avouer que ce sentiment est récurrent depuis quelques mois. Ce semestre ne nous a pas épargnés. Entre les problèmes de santé des uns, la perte d’un être aimé, l’éloignement professionnel sur de longues durées de mon compagnon, puis ça…ce qui nous menace tous, ce qui veut prendre nos vies, ça en est trop.
Et puis demain, ce sera l’anniversaire des 6 ans de ma grande fille et je reconnais avoir une chance inouïe car nous sommes finalement réunis tous les 4 pour souffler ses bougies, on a bien failli entrer en confinement, dans la fermeture des frontières, sans ce papa. Il est rentré in-extremis. Cette fête en toute intimité à la maison aura un goût particulier, celui de la peur, celui de la joie, celui de la gratitude, celui des questions pour aujourd’hui, pour demain. Elle aura un goût dont on se souvient longtemps. Je partage le sentiment de nombreux humains ce soir. Un sentiment très ambivalent, celui de l’incertitude en l’avenir qui même s’il a pour définition d’être trouble, ce futur ne l’a jamais autant été à l’échelle collective, mondiale, humaine. Je sais que nous devons rester au chaud pour nous protéger tous, pour épargner les plus fragiles. Et je le fais avec fierté. Car oui, comme beaucoup l’ont déjà dit, il n’a jamais été aussi facile de sauver des vies, dans le creux de son canapé.
Je sais aussi que ça n’est pas si mal que la vie nous impose de réfléchir ensemble à nos choix futurs. Je sais que je suis heureuse d’être entourée des êtres chers en ces moments difficiles. Difficiles car il n’est pas aisé de maîtriser ses pensées quand on est maman et qu’on a peur pour sa famille, qu’au fond, soi-même, ça ne compte pas tant, mais eux, nos tous petits, nos aînés aussi… Je sais aussi que je suis fière, fière d’être née et de vivre dans un pays qui nous offre un système de santé incroyable, quel privilège. Alors oui, il y a beaucoup à revoir mais quand je m’imagine ailleurs dans le monde, je me dis que nous sommes des veinards et je voudrais tant que tous, puissent bénéficier de cette tranquillité d’âme.
Bref, à l’heure du Coronavirus, je suis en colère, effrayée, en paix, heureuse, reconnaissante…je ressens un peu tout à la fois et je sais que certains d’entre vous aussi. Sans dramatiser, sans psychose aucune, juste ces sentiments, je le suppose sont naturels, nous sommes humains au fond. Et tant que ces sentiments ne serviront qu’à nous rendre meilleurs, bienveillants, solidaires, comme peuvent l’être bon nombre d’individus actuellement par leurs choix héroïques, l’humanité méritera encore cette vie.
Chassons le reste, chassons l’individualisme, chassons la haine. Vivons ensemble, et sourions-nous les uns les autres maintenant, et demain.
Joyeux anniversaire particulier ma douce. Maman t’aime plus que tout au monde.
#stayhome #happybirthday #quarantaine #confinement #together #togetherwearestronger
Publication 2 :
Continuez-vous le quotidien presque comme d’habitude où vivez-vous ces instants comme s’ils étaient les derniers ? Ressentez-vous la menace qui nous guette tous ou avez-vous confiance en la vie ? Selon les instants, je peux être toutes ces personnes à la fois. Mais j’avoue que ce qui me reflète le mieux à ce jour n’est pas très noble. Dans mon quotidien, je joue comme un remake de mon existence habituelle. Je gronde mes filles. Nous rions. Je prends mes précautions. Nous faisons l’école, les repas, nous ne nous couchons pas plus tard ou plus tôt. Nous jouons. Nous mangeons. Nous nous lavons.
Je ne sais pas si on a le droit de tout dire, mais à l‘intérieur, je me morfonds. A l’intérieur, j’aime ma famille infiniment. En dedans, j’ai si peur pour eux. Au plus profond, mon cœur est serré, noué. Mon âme se soulève de penser à d’éventuelles et imprévues complications. Dans mon cœur, je les embrasse. Je les enlace plus que d’habitude.
En fonction de la journée, mes humeurs peuvent varier. Il y a des instants où je suis calme. D’autres où je tremble.
La vie reprend ses droits. La terre fait une pause et il semble, nous le savons depuis si longtemps qu’elle en avait besoin. Elle nous le crie aujourd’hui. Mais à quel prix ? Se peut-il que ce soit à celui de l’humanité alors que nous pensions que cela serait d’abord au prix de la terre? Ce serait juste. La terre en aurait le droit.
Mais j’ai tout de même un peu peur.
A l’extérieur, je suis comme d’habitude.
A l’intérieur je ne le suis pas. Et tout se mélange.
Alors pour conjurer le sort, je vous envoie de la joie, comme si le rire et la vie, la vraie, nos enfants, pouvaient faire la différence.
Peut-être que la terre se sentirait un peu coupable et nous laisserait un peu espérer, de vivre plus simplement.
Est-ce une promesse que nous pouvons tenir à l’échelle humaine ? … Demain nous saurons.
Ps : À côté de ça ? Mes filles sont sages comme des images. Elles me donnent et me demandent 1000 fois + d’amour que d’habitude. Elles sont, je dirais, un peu fatiguées. Et ce lavage de main répétitif mais néanmoins indispensable n’arrange en rien l’état de leur peau, irritée, blessée, oui, l’eczéma est bien présent.
#unanniversairepascommelesautres
Publication 3 :
75% du temps, je suis seule. Pas entièrement. Mes filles m’accompagnent et animent ma vie. Je rencontre des personnes dans la rue, à l’école, au travail. Mais souvent, je dîne, je m’endors, je suis responsable, je m’organise seule.
Je gère le quotidien de 2 enfants, les emmène chez le docteur, gère potentiellement la banque, le garagiste, les courses et le reste des galères du tout les jours de madame tout le monde. Je ne suis jamais réellement et complètement esseulée car mon compagnon nous accompagne dans tous les moments de notre vie…par écran interposé. Il est présent. Il assume. Il assure. Et j’adore ça. Il est là pendant les repas. Quand on se couche. A la sortie d’école. Et le reste du temps.
Là…oui, sans vraiment l’être.
Alors 25% du temps, je me sens complète. Je peux le regarder. Le toucher. Le sentir. L’entendre rire avec les filles. Et son regard dans le mien est différent. Il est profond. L’écran ne retranscrit pas ça. Et sa main dans ma main est chaude. Et sa présence dans la maison la rend joyeuse, calme, pleine.
Je pourrais garder mes jambes étendues dans mon lit quand nos « lève-tôt » se réveillent. Au lieu, de ça, je les accompagne, car l’image de notre famille de 4 me manque la plupart du temps.
Aujourd’hui, nous sommes confinés. Les frontières européennes sont fermées. Mon mari est coincé entre nos 4 murs. Et j’avoue que cette isolation ne me déplaît pas. Je vais plus loin, je l’apprécie. Et je profite de chacun de ces atouts.
Ce que j’essaie de dire… Tout prétexte de sortie, pour des courses, pour prendre l’air car rester enfermé est insurmontable est absurde. Nous avons une immense responsabilité aujourd’hui. Chacun de nos mouvements nous coûtera à tous, beaucoup. Chaque geste irréfléchi nous contraindra à prolonger ce confinement et cela nous paraîtra, à l’humanité entière, à des milliards de personnes interminable. Ne soyons pas égoïstes. Ne soyons pas irresponsables. Faisons preuve de civisme, de calme, d’intelligence.
Alors puisque chaque sortie, même protégée, est un risque, ma famille et moi-même sommes confinés de cette manière…manger un peu moins pour que nos courses durent plus longtemps.
Eviter de compléter ce qui nous manque, tant que c’est possible, et se débrouiller avec ce que l’on a déjà. Eviter toute potentielle rencontre avec qui que ce soit même si cela nous coûte. Pas de boulangerie. Pas de marché. Pas de supermarché sauf en cas de manque réel. Pas de sport en extérieur. Pas de transport en commun. Pas de voiture et grâce à cela, exit la station-service.
Nous nous autoriserons le médecin et la pharmacie en cas de besoin. Le reste est optionnel.
Chez nous, nous continuons les gestes barrières, même si nous restons confinés. Nous nous lavons les mains, toutes les heures. Nous évitons de nous embrasser même si nous nous manquons infiniment. Nous minimisons les contacts physiques. Nous lessivons les textiles tous les jours. Nous aérons la maison longtemps en journée. Nous ne partageons pas nos verres, nos couverts. Nous désinfectons les poignées de portes, de réfrigérateur, de bouilloire, d’interrupteurs…souvent. Et ce n’est pas tout. Les lignes manquent. En bref, nous faisons très attention.
Parce que je veux que ma famille et que mes amis vivent.
Quand nous le pouvons, quand nous le devons, restons chez nous. Et apprécions ces instants qui nous sont offerts…ensemble, avec les personnes que nous avons choisies.
Je suis fière de pouvoir pour une fois contribuer à ma toute petite échelle à sauver le monde. Et ce n’est pas cher payé 🙂
Qu’en dites-vous ? Je ne parle bien entendu pas des personnes contraintes de sortir. Merci encore à nos héros. Ils se reconnaîtront.
#coronavirus #covid_19 #confinement #stayhome #resterchezsoi
Une dernière chose…n’abandonnez pas vos animaux. Ils ne sont pas contagieux…
Pour finir, je voudrais dire un mot pour les malades, mais aussi envers les personnes qui ont déjà perdu la vie, en faveur de ceux qui ont très peur d’être les suivants…j’ai de la peine, j’ai peur moi aussi, et je pense à vous. Vous n’êtes pas seuls. Nous sommes là, près de vous en ces temps difficiles.
Je vous salue de chez nous, vers chez vous…
Lisa
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